Valeurs socio-culturelles et retour des migrants : rôles et enjeux
القيم الاجتماعية-الثقافية وعودة المهاجرين: الأدوار والرهانات
Mondher Temanni/ Institut Supéreur de l’animation pour la jeunesse et la culture (I.S.A.J.C). Université de Tunis
منذر الطمني/المعهد العالي للتنشيط الشبابي والثقافي، جامعة تونس
مقال منشور في مجلة جيل العلوم الانسانية والاجتماعية العدد 76 الصفحة 135.
ملخًّص :
القيم الاجتماعية والثقافية بالمعنى السوسيولوجي والانثروبولوجي تعد مرجعا وسندا للمهاجرين عند قرار العودة إلى بلدانهم الأصلية . ونجاح مشروع العودة يرتبط أيضا بدرجة الانصهار والاندماج داخل مجتمعاتهم المحلية.
هدفت هذه الدراسة إلى فهم وتحليل دور القيم الاجتماعية-الثقافية مثل التضامن والمواطنة في توجيه أفعال وسلوكات المهاجرين العائدين.
يعتمد هذا البحث على المنهج التحليلي، يعني تحليل دور القيم في إدماج وإعادة إدماج المهاجر العائد في بيئته ومحيطه الاجتماعي ، الثقافي.
نتوصل من خلال هذا البحث إلى أن قيم التضامن والمواطنة محددات توجه أفعال وسلوكات المهاجرين ،ضمن استراتيجيات ورهانات يرسمها هؤلاء لغاية تحقيق نجاح مشاريعهم الاجتماعية والاقتصادية في مجتمعاتهم الأصلية.
إن اعتماد الوساطة الاجتماعية والثقافية كمحامل ابستيمية لتشخيص واقع ورهانات المهاجرين العائدين لبلدانهم الأصلية يعد ضرورة معرفية ضمن بحوث امبيريقية تعتمد التحليل المقارن بحسب الخصوصيات المحلية والإقليمية والدولية.
الكلمات المفتاحية: المهاجرين العائدين – القيم – التضامن – المواطنة – السلوكيات – الوساطة.
Résumé :Les valeurs sociales et culturelles au sens sociologique et anthropologique sont une référence et un soutien pour les migrants lorsqu’ils décident de retourner dans leur pays d’origine. Cette étude vise à analyser et à comprendre le rôle des valeurs socioculturelles telles que la solidarité et la citoyenneté dans l’orientation des actions et des comportements des migrants de retour, car le migrant de retour dérive de ces valeurs des motivations sociales au sens sociologique qui soutiennent l’interaction et l’harmonie entre lui et les membres de la communauté locale, ainsi que les systèmes et organisations existants, institutions à traiter. A travers cette recherche, nous concluons que les valeurs de solidarité et de citoyenneté sont des déterminants qui guident les actions et les comportements des immigrés.
Mots clés :Migrants de retour -Les valeurs – la solidarité- la Citoyenneté- les comportements – La médiation.
Introduction
Les valeurs représentent des idéaux qui serviront de critères de référence, d’appréciation et de jugement. Toutes les mutations sociales importantes : révolution, réformes institutionnelles, migration, migration du retour…etc. sont toujours accompagnées de changements de valeurs.
Les valeurs sont un concept central des Sciences sociales, depuis leur valorisation par Ibn Khaldoun, Emile Durkheim et Max Weber, pour expliquer l’organisation et le changement chez l’individu au sein de la société.
Les valeurs jouent un rôle de médiation (régulateur) ; c’est aussi un moyen de négocier une entente de vie commune. Dans ce cadre notre recherche s’intéresse à comprendre le rôle des valeurs dans la décision de retour des migrants, d’où la question principale de cette recherche est de savoir comment les valeurs socioculturelles peuvent influer sur la réussite du projet de retour.
Le retour des migrants est un projet d’intégration sociale et culturelle, pour l’élucider, on utilise les valeurs telles que : la solidarité, la citoyenneté pour démontrer leurs impacts sur la réussite de ce retour. Ce sont deux valeurs inter-reliées qui motivent et influencent les comportements et ils sont à l’origine de beaucoup de nos choix de vie individuel et collectifs.
- Le retour des migrants dans leur pays d’origine : valeurs et enjeux
Le retour des immigrés vers leurs pays d’origine est une question d’une grande actualité, elle soulève un ensemble d’enjeux socioculturels, et il est impératif de comprendre comment ces retours produisent de nouvelles conceptions et de nouvelles pratiques de la solidarité et de la citoyenneté pour les groupes de migrants en situation de retour pour les communautés d’accueil à travers les différentes institutions sociales.
La définition du migrant de retour relative au projet MIREM s’inspire partiellement de celle recommandée par les nations Unis et se présente comme suit : « Un migrant de retour est toute personne retournant vers le pays dont elle est ressortissante, au cours des dix dernières années, après avoir été un migrant international (à court ou long terme) dans un autre pays. Le retour peut être temporaire ou permanent, il peut également être décidé de manière autonome par le migrant ou contraint par des circonstances imprévues »[1].Plusieurs facteurs interviennent dans le processus du retour et dans la réussite de ce projet. Nous allons voir comment les valeurs socio-culturelles jouent un rôle important dans les diférentes situations vécues par les migrants de retour. Il faudrait réaliser la médiation comme
Un autre paradigme de la régulation du lien social[2].
On assiste à un bouleversement rapide des motifs traditionnels de migration, ceux –ci évoluent globalement en fonction de facteurs tel que les contraintes économiques et les conditions familiales d’où l’importance des valeurs socioculturelle, l’appréciation de la réinsertion du migrant après son retour se fera au moyen de deux séries d’indicateurs, la première réfère aux aspects matériels ou socioéconomiques qui caractérisent la condition du migrant de retour, elle comporte des indicateurs comme l’activité économique, le logement et le jugement relatif au niveau de vie au pays d’origine par
comparaison à celui de la période d’immigration. La seconde série d’indicateurs renvoie à la question de l’intégration sociale, l’entrée qui sera ici convoquée pour apprécier la réinsertion du migrant est sa participation à la vie communautaire : soutien accordé à certains composants de son environnement social et sa contribution à la réalisation de biens collectifs.
Pourquoi revenir à nos valeurs dans les moments où nous nous interrogeons sur notre vie social et économique : précisément parce qu’en nous guidant vers des objectifs importants, les valeurs entretiennent un lien fort avec notre motivation, pour la même raison, ce sont des guides précieux lorsqu’il s’agit d’évaluer différentes options, de choisir et agir pour atteindre les objectifs fixés.
a-Qu’est- ce qu’une valeur et qu’est –ce qu’une norme pour un migrant de retour ?
Tout être humain devrait avoir la possibilité de construire, de protéger et d’étendre sa surface socioculturelle. Plus celle –ci sera grande, plus l’individu sera riche culturellement et plus il sera en mesure de s’enrichir encore, constituant un capital culturel qui conditionnera son épanouissement et à beaucoup d’égard, son avenir.
« Les valeurs sont des manières d’être ou d’agir qu’un groupe reconnaît comme idéales et qui rendent désirables ou estimables, les êtres, les conduites, les objets auxquels elles sont attribuées »[3]
Les modalités selon lesquelles les valeurs se transmettent et se transforment au cours de l’expérience migratoire diffèrent selon les groupes nationaux, du fait des différences de cultures d’origine et des éléments anthropologique tel que la vie familiale, travail, religion, habitudes, selon Durkheim une personne, c’est un individu qui a intériorisé par l’éducation et l’expérience les règles et les connaissances de son groupe social, c’est un être que la société a à la fois limité et agrandi , d’où « Les valeurs rassemblent les idéaux auxquels les membres d’une société adhèrent.
Les valeurs d’une société représentent ce qui est estimable et désirable aux yeux de tous »[4].
Analyser le rôle des valeurs dans la société à travers les actions, les tendances et les attentes des migrants de retour, aide le chercheur en sciences sociales à adopter l’analyse systémique structurelle – comme le dit le sociologue français Pierre Bourdieu ; la composante du projet de retour et les méthodes et moyens de parvenir à l’assimilation des migrants de retour dans leur société d’origine. Comme l’analyse structurelle du système nous aide à analyser les différents aspects liés au projet de retour avec un focus sur les différences entre les immigrés en fonction de l’âge, des variables éducatives et économiques …, car traiter ces variables nous permet également de comprendre les particularités individuelles et collectives de la question du retour des migrants.
Le groupe a besoin des valeurs car elles contribuent à maintenir sa structure. Elles vont donc se repérer à travers les comportements régis par des normes : « Les normes sont souvent assorties de sanctions et expriment certaines valeurs sociales »[5]. D’où la vie commune est commandeé par des normes à caractères éthique sociologique et anthropologique qui répartissent les actions individuelles et collectives. « Les normes assurent la régularité de la vie sociale »[6]
Toute vie en société implique des mécanismes de contrôle social fondés sur l’existence de normes. La référence à des «valeurs» et à des « normes » d’ordre social et culturel est aujourd’hui courante, non seulement chez les sociologues, mais aussi chez les économistes et les politologues…etc ; aussi les valeurs ne sont pas simplement déjà là, prêtes toujours à être enregistrées, mais aussi filtrées et canalisées par les arrangements institutionnels telles que les mesures administratives qui serviront aux attentes des immigrés de retour .
b-Comment la valeur de la solidarité contribue-t-elle au succès du retour?
Dans son ouvrage « De la division du travail social »[7] Emile Durkheim considère la solidarité dans la société moderne comme une valeur partagée par tous, qui n’est autre que celle de l’individu lui-même. L’individu, dans le vocabulaire de Durkheim devient un idéal social, c’est- à -dire une représentation collective possédant une autorité. Ibn khaldoun disait l’homme est « un civil de nature ».
Emile Durkheim indique que ce qui fait de l’homme une personne, c’est ce qu’il partage avec les autres individus ainsi ce qui est collectif en lui ; ce sont les « biens intellectuels et moraux »[8] L’individualisme moral, ce que j’ai la permission ou l’interdiction de faire à des agents et en fonction de leur statut moral individuel. Le développement de l’individualisme moral ne se fait pas aux dépens de la cohésion sociale selon Ibn Khaldoun et Durkheim. Le concept de cohésion social, fait référence à des valeurs de solidarité, la cohésion sociale liée donc aux liens sociaux. Le lien social, qui renvoie à l’ensemble d’appartenances et des interactions qui lient les individus et les groupes sociaux La solidarité est un processus d’intégration sociale qui fait qu’une société existe comme un tout cohérent malgré les différences entre individus.
Ce processus passe par des interactions entre les membres du groupe, par l’existence de passions communes et par la poursuite de buts communs au sein de ce groupe.
c-Comment la solidarité permet-elle de changer les comportements des migrants de retour ?
A travers la solidarité les migrants s’adaptent à aider, à retrouver du lien social, réaliser la cohésion sociale et le compromis. La solidarité est une valeur sociale importante qui unit les migrants. C’est une démarche humaniste qui fait prendre conscience que tous les hommes appartiennent à la même communauté d’intérêt[9].
La solidarité est une valeur d’échange socio-culturelle qui assure la continuité d’un tel projet et mène à une vie collective, d’où la communication, l’interaction, la convergence des intérêts et la coexistence, autant que l’attachement des immigrés aux valeurs culturelles familiales et morales de leur communauté facilite l’intégration professionnelle et économique en générale. La famille, les amis, la discussion récurrente à propos du retour et les contacts fréquents facilitent le processus de réintégration et diminuent les contraintes et les difficultés auxquelles le migrant de retour peut être confronté. Les migrants de retour investissent le capital social commun pour améliorer leur situation socio culturelle, socioéconomique autant que le terme de capital social signifie l’ensemble des ressources réelles et potentielles liées à la possession d’un réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées de connaissance mutuelles, soit, en d’autre termes, l’appartenance à un groupe [10].les immigrants de retour réalisent leur interaction en utilisant la somme totale du capital, selon Bourdieu[11], il existe trois types de capital que les immigrants de retour investissent ; le capital culturel, dont la langue , le savoir et les symboles sociaux ; ils l’intériorisent et réalisent à travers eux leur intégration et insertion sociale.
Les immigrants de retour profitent du capital économique lié aux ressources patrimoniales ou au revenu pour atteindre leur stabilité professionnelle, et le capital symbolique, désignant toute forme de capital culturel, social et économique ayant une reconnaissance particulière au sein de la société d’origine parce qu’elles reflètent de divers manières et méthodes sur les comportements et les actions des immigrants de retour.
d-Comment la valeur de La citoyenneté contribue-t-elle au succès du retour?
Le mot citoyenneté vient du latin « civitas » signifiant : droit de cité, droit d’un habitant d’un pays.
« La citoyenneté a un sens juridique, elle est le produit d’une construction politique. Elle confère aux membres d’une collectivité politique un statut juridique de droits et de devoirs civils, politiques et sociaux qui définissent le rôle du citoyen dans la cité (l’Etat) et face aux institutions, permettant une vie en communauté… »[12].
« La citoyenneté désigne au moins trois dimensions du lien social et politique :
1/ Un statut juridique : par opposition au simple résident, le citoyen est porteur de certains droits et responsabilités.
2/Un certain nombre de pratiques : le citoyen est celui qui participe à la vie des institutions et au façonnement du bien commun.
3/Un pôle identitaire ; cette dimension est pleinement réalisée lorsque le statut du citoyen a une importance subjective pour l’individu »[13].
*Références juridiques relatives à la citoyenneté en Tunisie
– La déclaration universelle des droits de l’homme (10 décembre 1948).
Document fondateur ; une source d’inspiration pour promouvoir l’exercice universel des droits de l’homme (contient 30 articles).
–La convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale est adoptée par les Nations Unies –Droits de l’homme : Développer et encourager le respect universel et affectif de droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion.
-Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (3 janvier 1976) reconnaissant que ces droits découlent de la dignité inhérente à la personne humaine.
– Pacte international relatif aux droits civils et politiques (23 mars 1976) prenant en considération le fait que l’individu a des devoirs envers autrui et envers la collectivité à laquelle il appartient.
-La Constitution tunisienne du 26 Janvier 2014 contient 149 Articles. Elle prend soin de la place qu’occupe l’être humain en tant qu’être digne, afin de consolider notre appartenance culturelle et civilisationnelle, ainsi que l’unité nationale fondée sur la citoyenneté, la fraternité, la solidarité et la justice sociale.
(CHAPITRE 2: DES DROITS ET LIBERTES).
-Le Code de statut personnel Tunisien (C.S.P.T).Consiste en une série de lois progressistes Tunisiennes, promulguées le 13 août 1956, visant à l’instauration de l’égalité entre l’homme et la femme dans nombre de domaines.
2- La nationalité et la Citoyenneté pour le migrant du retour
La citoyenneté signifie l’appartenance à une certaine communauté. La plupart des gens mettront l’accent sur l’appartenance à un Etat déterminé. Mais la question qui se pose : la personne vient d’où exactement ? C’est-à-dire le lieu d’origine, sa famille. L’appartenance est encore plus complexe lorsqu’on a soi-même plusieurs nationalités ; ou comme dans le cas de l’Union européenne, lorsqu’on possède à la fois une citoyennté nationale et la citoyenneté européenne.
La nationalité du point de vue légal et formel exige la naissance ou/ et la descendance. Aussi les composantes émotionnelles de la nationalité comprennent des éléments de fierté nationale, de sentiments patriotiques, dans lesquels s’entremêlent les projections d’appartenance et les visions imaginaires d’une nation. Les compétences multilingues et interculturelles sont bénéfiques aux pays de destination et d’origine sur un plan tant économique que politique et socioculturel. Ainsi, le potentiel linguistique, culturel et professionnel des populations migrantes de retour est représenté un atout et un composant important pour la nationalité et la citoyenneté.
a-Le migrant de retour est un citoyen
La citoyenneté garantit les droits juridiques et politiques de tous les citoyens, quelle que soit leur appartenance sociale, religieuse, ethnique et autre.
La citoyenneté n’est pas seulement un simple cadre institutionnel normatif pour les migrants de retour mais aussi un état social qui correspond à certaines formes de sociabilité et à certains types d’articulation, des relations sociales ; c’est-à-dire d’une manière d’être en société.
Les migrants de retour peuvent participer à une nouvelle conception de la citoyenneté, fondée non seulement sur le lien juridique et politique des individus à l’Etat au sens traditionnel du terme, mais aussi sur un ensemble de valeurs et de pratiques et enjeux sociales et culturelles.
La citoyenneté des immigrants de retour se manifeste dans plusieurs facteurs, en effet à titre d’exemple les transferts financiers pour le développement de leur pays d’origine, les migrants de retour qui avaient l’habitude de transférer de l’argent au pays d’origine pendant la migration, accroissent également leur chance d’investir au retour, pour démarrer et renforcer leurs projets[14]
Aussi le transfert du capital humain, c’est-à-dire ensemble des compétences, savoirs, expériences formatives, valeurs nouvelles acquises par un migrant lui permettent d’agir différemment.
Aussi le transfert du capital social, c’est-à-dire ensemble des relations sociales familiales, dans lesquelles s’inscrit le migrant lui permettent d’atteindre des objectifs communs.
Les motivations qui poussent les migrants à investir dans leur pays d’origine peuvent être d’ordre social et économique, elles traduisent leur volonté de rentrer chez eux ou de mobiliser leurs ressources en faveur du développement de leur communauté de leur pays.
Le migrant de retour représente sa citoyenneté en contribuant au transfert de son projet et de sa compétence, quelle que soit la nature du retour décidé ou forcé.
b-Comment la citoyenneté permet-elle de changer les comportements des migrants de retour ?
Tout être humain devrait avoir la possibilité de construire, de protéger et d’étendre sa surface socio-culturelle. Plus celle-ci sera grande, plus l’individu sera élevé socialement et culturellement et plus il sera en mesure de s’enrichir encore, constituant un capital social et culturel qui conditionnera son épanouissement et son avenir.
Les différents aspects de la citoyenneté tels que : le dialogue, la négociation, la responsabilité,
L’affirmation de l’identité sociale, la construction du consensus (compromis) ont pour objectif de renforcer la cohésion social et culturelle, le migrant de retour peut ainsi trouver sa place dans sa société locale en faisant valoir ses compétences , ses acquis, ses expérience et ses ressources .Cette reconnaissance accroit le sentiment d’appartenance et la contribution au bienêtre collectif .
Les différents éléments de la citoyenneté aident les migrants de retour à développer leur sociabilité ; ils peuvent aussi vivre des rencontres intéressantes à travers des activités non seulement économiques, mais aussi des activités d’animation socio-culturelle proposées aux groupes et aux individus dans un objectif de développement social et personnel. La vie socio-culturelle participe à l’amélioration de l’environnement local, entretient le lien social et contribue à l’émergence des projets collectifs (insertion, économie sociale et solidaire, etc.)[15].
Les immigrés tunisiens, marocains, algériens, envisageant de revenir vivre dans leurs pays d’origine seront évidements attentifs aux facteurs socio-culturels afin de retrouver un environnement favorable à la réinsertion, de manière à permettre l’accomplissement des individus et leur participation au développement de leurs pays.
Les sociologues et les anthropologues nous ont appris depuis longtemps que l’individu pour devenir
un « être humain » doit passer par une série d’apprentissages ; de socialisations qui toutes sont
spécifiques dans leur forme comme dans leur contenu à la société d’appartenance[16].
La vie socio-culturelle aide les migrants de retour à développer leur sociabilité, participe à l’amélioration de l’environnement local, entretient le lien social et contribue à l’émergence des projets collectifs : insertion, lutte contre la ségrégation. L’apprentissage à travers la communication et l’interaction favorisent la retransmission des valeurs chez les migrants de retour afin de les regrouper. D’où la nécessité de la médiation sociale et culturelle pour responsabiliser les migrants du retour d’apprendre à vivre ensemble en respectant leur singularité.
Les valeurs socioculturelles telles que la solidarité, la citoyenneté assurent la gestion humaine pour aider les migrants de retour à la recherche de solutions pratiques aux problèmes pour mieux contribuer au développement économique et social. Le retour des immigrés ne peut être analysé et compris dans le cadre de déterminants liés uniquement aux valeurs, telles que la solidarité, la citoyenneté et la participation.
Il existe également d’autres déterminants et facteurs liés aux options et politiques de développement local, régional et mondial. Ils se chevauchent et se recoupent avec des variables circonstancielles et structurelles liées aux options politiques, juridiques et économiques, de sorte que le retour des immigrants dépasse leur importance en tant que projet, mais devient plutôt un phénomène social holistique – selon les mots de Marcel Mauss – et pour comprendre ce phénomène, les études scientifiques doivent être menées du point de vue de la pluralité et du chevauchement des disciplines scientifiques telles que la Sociologie, l’anthropologie et l’économie … en adoptant des variables et des intersections spécifiques et au sein d’indicateurs pour mesurer et comprendre ce phénomène et en définir les différents niveaux.
L’expansion de l’analyse de la réalité et des enjeux des migrants de retour au sein de différents systèmes nécessite une attention à la dimension culturelle dans sa relation avec le reste des dimensions, et l’adoption de la médiation sociale et culturelle comme repères épistémiques pour diagnostiquer la réalité et les enjeux du retour des migrants dans leur pays d’origine au sein d’une recherche empirique qui adopte une analyse comparative au sein des particularités locales, régionales et internationales.
Conclusion
La question du retour des migrants vers leurs pays d’origine ne renvoie pas seulement à la réalisation du retour en tant que projet, mais aussi aux intentions de retour et à la réinsertion après le retour. Les valeurs sont une source de motivation fondamentale pour l’image de soi qui influent sur la programmation d’action individuelle et collective.
Les valeurs motivent et influencent les comportements et ils sont à l’origine de beaucoup de choix de vie individuelle et collective des migrants de retour.
La solidarité, la citoyenneté chez le migrant de retour assurent sa participation à la vie collective, garantissent sa responsabilité et enracinent son appartenance à la société.
Les valeurs sont considérées comme des principaux régulateurs dans l’accompagnement social des migrants retournant dans leur communauté d’origine afin d’assurer leur intégration. Le retour des
Immigrés est un projet d’intégration sociale et culturelle.
La réussite du retour des migrants suppose le renforcement de la cohésion sociale, culturelle et économique. Le migrant de retour peut trouver sa place en société en faisant valoir ses compétences, ses acquis, ses expériences et ses ressources. Cette reconnaissance accroit le sentiment d’appartenance à la société et la contribution au bienêtre collectif.
La réintégration des migrants de retour signifie vivre ensemble et agir ensemble, mais aussi percevoir leurs différences comme complémentaires et pas comme antagonistes, considérer la diversité comme la clé du partage et de la réussite.
En fait, le retour en tant qu’action sociale soulève une problématique tant politique que sociétale, à savoir la capacité politique de la société civile et de l’ensemble des institutions sociales ; à formuler-apporter- des réponses quant au retour du migrant au pays d’origine.
Ces réponses interpellent un ensemble de question d’une grande actualité, non seulement les valeurs socioculturelles, touchant aussi les volet juridique, institutionnel, budgétaire. Cette diversité de facteurs présuppose en même temps l’adoption d’une approche multidimensionnelle à même de saisir la complexité de l’acte.
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- – https://un.op.org/fr/node/2815 Consulté le 22/08/ 2019 à 19h40
[1]http://rsc.eui.eu/RDP/fr/research-projects /mirem/survey-on-return-migrants/ methodology/
[2]BEN MRAD Fathi ; Interactions communicatives en médiation. La construction d’un dialogue. Collection, Travail du social.2018 p56-57.
[3] GUY Rocher ; Introduction à la sociologie générale, l’action sociale.Bibliothèque québècoise.Collection Bibliothèque québècoise.2012 , p 128.
[4] Ibid p147
[5] DEMEULENAERE Pierre ; Les normes sociales entre accords et désaccords.Sociologies puf ; Presses universitaires de France.2003 p72
[6] Ibid p 129
[7] DURKHEIM Emile ; De la division du travail social ; première édition. Quadriage puf ; Presse universitaires de France. 1930
[8] DURKHEIM Emile ; Education et Sociologie.Une èdition èlectronique réalisèe à partir du livre d’Emile Durkheim, Education et sociologie; Edition complétée à chicoutimi ; Quèbec 1922-2002 p 10
[9] DURKHEIM Emile ; De la division du travail social ; Op cit p128
[10] BOURDIEU Pierre ; Le capital social ; Actes de la recherche en sciences sociales. Année 1980 / 31 / pp2-3.
[11] BOURDIEU Pierre ; Les structures sociales de l’économie, , Seuil,Coll. Paris 2000
[12] DOMINIQUE Shanapper ; Qu’est-ce que la citoyenneté.Gallimard.2000 p 68.
[13] Dufresne et Laberge;Encyclopédie de l’Agora.Pour un monde durable 1979
[14] https://un.op.org/fr/node/2815
[15] LELEUX Claudine ; Education à la citoyenneté.Tome3 ; La coopération et la participation de 5à14ans ; Bruxelles ; De Boeck .2008 p 29
[16] CAMART Cécile ; Les mondes de la médiation culturelle ; François Mairesse ; Cécile Prévost ; Thomas et Pauline Vessely. Les cahiers de la médiation culturelle- Volume1. Approches de la médiation. L’Harmattan.2015 p 26.