Saint Augustine and the Donatist movement
(Study of methods and objectives 392-411 A.D)
القديس أوغسطين و الحركة الدوناتية: دراسة في المناهج والأهداف 392م -411 م
Dr. Rabie Aissa OULMIsDr. Achour Medkour Mansouria/ University of Batna -1-Algeria
د. الربيع عيسى عولميsد. عاشور مدكور منصورية/جامعة باتنة ،1 الجزائر.
مقال منشور مجلة جيل العلوم الانسانية والاجتماعية العدد 73 الصفحة 95.
ملخص:
تكرس الانشقاق بقوة في الكنيسة الإفريقية على إثر سيامة “كايكليانوس” أسقفا لقرطاجة في سنة 311م،بعد وفاة “مونسوريوس”، فوجدت هذه الكنيسة نفسها منقسمة بين أسقفين وحزبين: الكنيسة الدوناتية والكنيسة الكاثوليكية. وكان الصراع بين الكنيستين قد اتسم طيلة قرن من الزمن، بالجدل والمناظرة تارة وبالعنف والاضطهاد تارة أخرى، وكان سجالا بينهما إلى أن دخل القديس “أوغسطين” حلبة الصراع على الصعيد اللاهوتي منذ 392م على رأس أسقفية هيبو-ريجيوس (عنابة حاليا)، مستعملا كل الوسائل المتاحة (الرسائل، مقالات النقد، رسائل الهجاء، المجامع الدينية، الإدانة، ودعم السلطة الزمنية).
انطلاقا من هذه الظروف التي كانت تعيشها الكنيسة الإفريقية، إشكاليات عدة تطرحها هذه الدراسة: ما خلفيات الصراع الدوناتي الكاثوليكي؟ هل كان للسلطة الرومانية يد في ذلك الصراع؟ ثم كيف تطورت الحركة الدوناتية من حركة دينية محلية إلى حركة ذات طابع اجتماعي-سياسي عارضت الكنيسة الكاثوليكية والسلطة الزمنية في كل الشمال الإفريقي القديم؟ وما دور أوغسطين في القضاء على الدوناتية وتحريمها في 411م؟ وما مناهجه في مواجهة الدوناتيون؟ وما الأساليب التي استعملها لتحقيق أهدافه؟
الكلمات المفتاحية: الانشقاق، الكنيسة الدوناتية، الكنيسة الكاثوليكية، أوغسطين، مناظرة قرطاجة.
Abstract:
The schism is consecrated in the African Church, after the ordination of “Caecilianus”, a rite was firmly consecrated to the bishop of Carthage in 311 A.D., after the death of “Mensurius”, sothis Church was divided between two bishops and two parties: the Donatist Church and the Catholic Church. The conflict between the two Churches has been characterized for a century by controversy and debate at times, violence and persecution at other times, and there was debate between them until St. Augustine entered the theological field in 392 A.D., at the head of the episcopate of Hypo-Regius (Annaba today), using all available means (messages, critical articles, satirical letters, religious synods, conviction and support for temporal authority).
On the basis of these circumstances, which were experienced by the African Church, several questions arise in this study: What are the antecedents of the Donatist-Catholic conflict? Did Roman authority participate in this conflict ? How did the Donatist movement evolve from a local religious movement to a socio-political movement that opposed the Catholic Church and secular authority in North Africa? What was Augustine’s role in the proscription and banning of Donatism in 411 A.D.? What was his method in dealing with the Donatists? What methods did he use that enabled him to achieve his goals?
Key words: the schism, the Donatist church, the Catholic church, St. Augustine, Carthage conference.
Introduction :
L’idée de fonder un mouvement religieux dénommé « Donatisme », s’est manifestée en Afrique romaine au début du IVe siècle, à la suite des persécutions des chrétiens, sous les ordres de Dioclétien pendant la période (303-305).Et au concile qui s’est tenu à Cirta (Concili Cirtensis)[1]le 5 mars 305 pour la consécration d’un nouvel évêque de la ville.
Les causes essentielles de l’apparition du Donatisme sont dues à l’élection et la consécration de Caecilianus comme évêque de Carthage en 311, et quelques fidèles et clercs qui avaient été compromis dans la persécution de Dioclétien, d’avoir livré les écritures et les livres saints au pouvoir Romain persécuteur (l’autorité civile), pour qu’ils soient brûlés.
Les Donatistes ont persisté pendant et après la grande persécution à l’époque de Dioclétien (284-305), de décrire leurs ennemis Catholiques de «Pars Caeciliani » c’est à dire le parti de Caecilianus, et « l’église des Traditores ». Car, ils se croient toujours qu’ils représentent la véritable église Catholique.
Le Donatisme est apparu en Numidie, et plus précisément à Bagai(près de Khenchela), qui est considéré comme le foyer du Donatisme. Cette ville a abrité la plupart des évènements de l’histoire du Donatisme, tels la bataille de 347, et le concile des Primianistes en 394.
N’était–il pas nécessaire d’éclaircir les circonstances et les causes profondes des querelles religieuses qui ont troublés l’Afrique romaine au IVe siècle ? Faut-il mettre les troubles sociaux et religieux de cette période de l’histoire de l’Afrique en relation avec cette détérioration de l’économie africaine ?
Quels sont les prémices du conflit Donato-Catholique au Maghreb antique ? Le pouvoir séculier romain était-il impliqué dans ce conflit ?
Comment le Donatisme s’est–il transformé d’un mouvement religieux local à un mouvement socio–politique qui a su tenir tête au pouvoir séculier Romain, et à l’église Catholique en Afrique du nord ?
L’objectif de cette étude est de formuler quelques observations sur les conditions économiques et sociales sous lesquelles vivaient les populations de l’Afrique romaine à l’époque du Donatisme, et qui ont mené à l’hérésie et au conflit Donato-Catholique au Maghreb antique.
- L’émergence du Donatisme :
L’histoire des origines du Donatisme reste en vérité bien obscure.[2] Les documents dont nous disposons, récits ou pièces d’archives,[3]servent à propos les desseins des polémistes catholiques qu’on ne peut guère s’empêcher de les suspecter.[4]
Les historiens de l’Eglise se basent sur « le dossier du donatisme »[5]proprementdit, qui se compose des documents administratifs et ecclésiologiques qui datent entre 314 et 330.
En réalité, quelques clercs catholiques ont pu compiler ces documents dans un dossier spécial en vue de les utiliser dans les polémiques avec les polémistes Donatistes, selon Duchesne.[6] Ce dossier a été entre les mains d’Optatde Milev[7] considéré comme le premier polémiste catholique, et à partir de ces documents, il a rédigé les prémices du schisme donatiste, en s’adressant au successeur de Donat, Parmenianus[8]vers 366.
Le Donatisme est un schisme africain, il occupe une place à part, et fort importante, dans l’histoire du christianisme local. Il est né à Carthage et en Numidie, des passions et des querelles du pays. Au Maghreb antique, il a eu un succès extraordinaire, il a surexcité, comme une religion nouvelle, les esprits et les passions populaires. Il a constitué une église indépendante, aussi puissante et riche en hommes et en biens que l’église Catholique, plus puissante même pendant un siècle. Il a tenu tête au Catholicisme et au pouvoir civil, survécu pendant près de deux siècles. Vaincu enfin au temps de Saint-Augustin.
Par-là, le Donatisme a été un facteur essentiel dans l’histoire, non seulement du christianisme local, mais de l’Afrique elle-même pendant le IVe et Ve siècles. Le schisme africain a été traité par d’importantes monographies,[9] ou de courtes esquisses, comme il a attiré l’attention des historiens de l’Eglise ou de l’Afrique[10], ou des études sur la chronologie des origines du schisme africain[11], des découvertes archéologiques et épigraphiques[12],et quelques études critiques des œuvres d’Optatde Milev et d’Augustin [13], et la restitution d’une bonne partie de la littérature Donatiste[14]. Tout cela nous permet de reprendre la question du Donatisme sur de nouvelles bases.
Il ne s’agit pas ici de refaire l’histoire complète du schisme africain, mais tout simplement de poser les jalons de cette histoire, d’indiquer les étapes, de marquer avec précision les traits essentiels, de déterminer le rôle du Donatisme, afin de reconstituer le cadre historique de notre étude.
Les différentes sources littéraires et historiques qui traitent le Donatisme très abondantes et très variées, nous sont parvenus depuis Constantin jusqu’à Honorius Flavius[15], qui a promulgué de nouvelles lois anti-donatistes. Malgré la disparition de beaucoup d’œuvres et de documents. A ces sources, on peut ajouter les documents archéologiques et épigraphiques récemment découverts, des ruines de basiliques, les inscriptions de Benian ou de Numidie.
Le Donatisme fut son apparition au début du IVe siècle, à la suite des persécutions des chrétiens sous les ordres de Dioclétien pendant la période (303-305).Or, la raison profonde du succès du Donatisme paraît dans l’état social de l’Afrique, dans le mécontentement et la misère d’une partie des populations, et aussi, dans l’organisation anormale de l’Église Africaine. Les causes immédiates du schisme furent : la difficulté de régler la situation des fidèles et des clercs qui avaient été compromis dans la persécution de Dioclétien. La question des Lapsi[16], est à l’origine du schisme Donatiste. Quant à la rupture définitive entre les deux églises, en fut l’élection et la consécration de Caecilianus comme évêque de Carthage en 311.
La divergence des historiens sur la date de l’apparition du Donatisme, explique la diversité des causes, ce qui a conduit ces historiens à déterminer cette apparition, tantôt, à la persécution de Dioclétien, tantôt au concile de Cirta (Concili Cirtensis)[17]en 305 qui a réuni les évêques Numides, tantôt au prétendu schisme de Donat des Cases- Noires[18](Bagai aujourd’hui) en 306, tantôt au concile des dissidents Numides–à leurs tête le primat Secundus–qui prononça en 312 la déposition de Caecilianus. En réalité, la dernière date fut la cause principale du schisme, les autres dates marquent simplement les étapes des malentendus d’où sortit le schisme. Or, Optat fait remonter les origines de la rupture jusqu’à la persécution de Dioclétien.[19]Mais il ajoute que cette rupture éclata après l’ordination de Majorinus[20] en 312. [21]
Il parait donc, que la cause principale du schisme Donatiste, a été dans la difficulté de régler la situation des nombreux évêques, clercs ou laïques, compromis dans la persécution. Il ne faut pas nier aussi, le manifeste des martyrs d’Abitina[22] , les scènes scandaleuses de l’élection et de l’ordination de Silvanus[23]à Cirta, les attaques contre Mensurius[24] et son archidiacre Caecilianus, étaient assurément de graves symptômes, mais tout cela n’avait fait que préparer le terrain.
Les divers témoignages qui ont cité le début du schisme donatiste, ont démontré que les persécutions de l’empereur Dioclétienau Maghreb antique durant la période (303-305), avaient surpris l’Église Africaine, et a entrainé beaucoup de déroutes. [25] Certes les martyrs étaient nombreux, mais, aussi les apostasies avaient été innombrables, surtout en Numidie.
Ce qui a entraîné l’église Africaine à être divisée, cette église qui a été toujours unifiée durant toute son histoire, comme Saint-Cyprianus l’a décrit : De Catholicae Ecclesiae Unitate.[26] Ces persécutions étaient fatales sur les fidèles, on avait vu, des chrétiens renier leur foi, des clercs et des évêques même s’empresser de remettre aux magistrats des livres saints compromettants.[27]Pour les donatistes on les a considérés comme Traditores[28]–Traditeurs –et Lapsi.Par contre, beaucoup de chrétiens ont résisté courageusement aux persécutions, ils ont étaient limogés et exécutés.
Tandis que, l’attitude des Confessores–Confesseurs–était rigoriste envers les Traditoreset Apostats, et ont rejeté tout contact avec eux après l’apaisement des persécutions en 305.[29]
Les victimes de ces persécutions, n’étaient autres que les martyrs d’Abitina, près de Carthage. Après leurs interrogatoires et leurs tortures le 12 février 304, ces Confesseurs avaient été ramenés dans leur prison à Carthage.
Il semble qu’ils ont beaucoup souffert, ils décidèrent alors, d’excommunier les chrétiens qui avaient faibli dans la persécution. Ils rédigèrent une sorte de proclamation considéré comme loi, et qu’on l’appelé « actmartyrum »,[30]et dont le texte est comme suit : « Quiconque aura été en communion avec les Traditores, n’aura point part avec nous aux royaumes célestes ».[31]
Cette proclamation invite tous les Purs et les Saints sur la nécessité d’appliquer l’excommunication lancée par les martyrs en Afrique, sur tous les Traditores. [32]Commeelle a eu un écho virulent, et un retentissement extraordinaire, dans divers régions du Maghreb antique et surtout en Numidie. Et elle devint une arme contre Mensurius et ses partisans.[33]
Depuis les incidents d’Abitinale 12 février 304, le schisme africain commence son expansion, et ses jalons à paraitre, après la dernière et violente persécution (311-312), et surtout les persécutions de l’empereur Dioclétien qui ont laissé un impact profond au Maghreb.C’est le schisme de l’église africaine, cette église qui est restée toujours Unifiée, comme on l’a citée auparavant.
Un curieux document, et des sources catholiques montrent que les divergences étaient profondes entre les évêques Numides, à propos de ce concile qui s’est tenu à Cirta[34]le 5 mars 305 (Concili Cirtensis) pour la consécration d’un nouvel évêque, après la mort de Paulus.[35]A sa place les évêques Numidesont élu le sous Diacre Silvanus, par l’intrigue, et l’émeute, malgrél’opposition des clercs et des notables, qui l’on accusé de félonie, et lui même était compromis lors des perquisitions.[36]
Il parait que l’apostasie s’est propagée à travers la Numidie, où s’est tenu le concile de Cirta pour ordonner Silvanus, sous la présidence du primat Secundus, douze évêques numides sont présents, parmi eux : Donatus de Mascula, Victor de Rusicade, Marinus d’Aquae Tibilitanae, Donatus de Calama, Purpurius de Limata, Victor de Garbe, Félix de Rotarium, Nabor de Centurionis, Secundus minor, tous ou presque tous futurs Donatistes.[37]
Les évêques Numides présents au concile de Cirta en 305, sont devenus– sept ans plus tard– les fondateurs principaux de l’église schismatique. Sans doute, ils auraient utilisé un autre ton, en consacrant l’évêque de Carthage. Ils se sont considérés comme « les Saints et les Purs ».[38]
L’Église Africaine a connu un changement radical, après la mort de Mensurius évêque de Carthage en 311. De retour de Rome, où il a été reçu par l’empereur. C’était un évènement très significatif dans les rapports entre le pouvoir séculier et l’Église.
Suite à sa mort, le problème de la succession de l’évêque de Carthage Mensurius débute, dans une atmosphère d’intrigues et de complots. Ce qui a mené à l’évolution du conflit, sur la consécration épiscopale de l’évêque de Carthage. Le schisme de l’Église Africaine débute là, à cela s’ajoute une évolution dans l’empire avec l’arrivée de Constantin. [39]
Suite à l’élection de Caecelianus, qui était Diaconus de Mensurius, cette Ordination s’est faite en l’absence du primat de Numidie, et hors des traditions de l’église africaine. L’église schismatique s’organisa rapidement, Secundus évêque de Tigisis et primat de Numidie, (Episcopus Primae Sedis) convoqua donc un concile de soixante–dix (70) évêques à Carthage, dans la maison de Lucilla[40], matrone de la communauté de Carthage, en 312. Ils citèrent Caecilianus, qui refusa de comparaître ; il fut excommunié et le concile élut, pour le remplacer, Majorinus, lecteur de l’Église de Carthage. La consécration de Caecilianusfut invalidée en raison de Félixd’Abthugni[41], accusé lui-même d’avoir été un traditor, à l’époque des persécutions.[42]Avec deux autres clercs Botruset Caelestius, accusé eux aussi d’avoir ordonné Caecelianus.[43]Suivant la discipline de l’Église d’Afrique, une consécration faite par un traditor était nulle.
Ils élirent Majorinusqui fut rapidement remplacé par Donat. [44]Le schisme débute là. Mais il se fonde sur une approche doctrinale différente sur la question ecclésiale et sur celle du baptême, aussi sera-t-il très vite considéré comme une hérésie et donc traité comme tel par l’autorité romaine civile.[45]
Il parait que les intérêts des Carthaginois s’opposent à celles de Caecelianus, avec les accusations des évêques Numides ont pu concrétiser le schisme dans l’Église Africaine.
Les procès-verbaux de la consécration, ont cité qu’une femme carthaginoise riche et influente d’origine espagnole nommé Lucilla, a joué un rôle essentiel dans la déposition de Caecelianus, et la consécration d’un nouvelévêque, le lecteur de Carthage Majorinus, protégé deLucilla.[46]
Si Augustin a accusé Lucilla vers 400-suite à des enquêtes faites après l’ordination de Majorinus- d’avoir corrompus les évêques du concile de Carthage, en leur versant une somme considérable qu’ils se partagèrent sans en rien donner ni aux pauvres, ni aux ecclésiastiques, et a pu arriver à son objectif.[47]
Martroye remonte les malentendus aux rancunes, entre la matrone de Carthage Lucilla et Caecilianus, et quecelle-cine pardonnait point à Caecilianus une réprimande que celui-ci avait eu à lui adresser alors qu’il était encore Diacre.[48]
A mon avis, ces malentendus entre Lucilla et Caecilianus,révèlent les conflits profonds entre l’église de Numidie, et l’église de Carthage dirigée par Mensurius puis Caecilianus, compromis tous deux pendant les persécutions, d’avoir livré les écritures et les livres saints au pouvoir païen Romain.
Majorinus n’était qu’un fantôme, il disparut vite, il mourut au bout de quelques mois, en 313 pendant les assises du concile de Rome, il a été remplacé par Donatusde Carthage dit « Donat le Grand », il a été l’auteur de la rupture, et pourtant l’on a bien des raisons de l’identifier avec Donat des cases noires dit « Donat de Bagai ».[49]
En tout cas, Donatus de Carthage avait les qualités d’un vrai chef : il constitua et fortifia –par tous les moyens–la nouvelle église, [50] qui prétendait être la véritable église catholique,[51] l’église des martyrs. [52]Il a donné son nom aussi au mouvement Donatiste qui fut appelé le parti de Donat « Pars Donati », ou leDonatisme. [53]
L’église africaine se trouve ainsi divisée, le schisme est consommé : c’en était fait pour plus d’un siècle, de l’unité de l’Afrique chrétienne. L’église catholique sous l’égide de Caecilianus, alliée du pouvoir séculier, et l’église schismatique sous l’égide de Donatus avait contre elle l’autorité de l’empereur et de ses représentants en Afrique. Elle a était persécuté par la plupart des empereurs Romains. [54]
Chaque parti est allé défendre ses opinions et ses convictions. Les Donatistes ont utilisé tous les moyens afin de souiller les catholiques. En contrepartie, les catholiques ont abusé de leurs parts pour dénoncer les Donatistes.
Ce conflit a conduit à une confrontation polémique, entre Donatistes et catholiques. Bien que les Donatistes aient refusé -maintes fois- d’assister aux polémiques avec les catholiques, qui sont, selon les Donatistes, des traditeurs et persécuteurs de l’église donatiste. [55]
Le conflit qui divisa les chrétiens d’Afrique pendant cent ans, et a fait couler beaucoup de sang à plus d’une fois en Afrique au IVe siècle, à l’occasion de querelles religieuses, à pousser le pouvoir séculier à intervenir. Les catholiques résolus à en finir avec ces querelles, ont envoyé une ambassade à l’empereur Honorius à travers leur concile tenu à Carthage le 14 juin 410, en exposant la situation, ils ont demandé l’abrogation de l’édit de tolérance, et la convocation d’une conférence générale entre les deux partis.[56]
Aussitôt, l’empereur Honorius, par une constitution datée du 25 août 410, annula l’édit de tolérance, et frappa de la peine capitale ou de la proscription tous les hérétiques qui tiendront des assemblées. [57]
En même temps, il accepta le projet de conférence, et prit des mesures pour le réaliser. Il chargea -par la constitution du 14 octobre 410- Marcellinus, sénateur et tribun, et notaire impérial, comme commissaire spécial, de se rendre à Carthage, d’y convoquer la conférence.[58]
Les Donatistes ne décidèrent d’assister à la conférence de Carthage en 411, que sous pressions et menaces, et à tenter l’aventure, pourtant ils savaient que Marcellinus, était catholique. Leur présence à Carthage, a conduit à l’évolution de la polémique entre les penseurs de deux églises, certains ont joué des rôles décisifs dans l’évolution de la pensée Chrétienne, comme Tyconius, [59]et St. Augustin.[60]
Pour conclure, l’histoire et l’organisation du Donatisme, permettent d’en déterminer avec assez de précision les causes réelles et durables du schisme, ses principes, ses aspirations, son rôle social et politique.
Tout d’abord, il faut distinguer entre les causes apparentes, accidentelles, et les causes profondes du schisme. L’origine immédiate du Donatisme est dans les surprises de la persécution de l’empereur Dioclétien, dans cette question des lapsi qui avait déjà produit le schisme au temps de St. Cyprien. Dans la difficulté de régler la situation d’innombrables chrétiens qui avaient faibli d’une façon ou d’autre en face des persécuteurs. Les malentendus éclatent avant même le rétablissement de la paix religieuse, et paraissent dans le manifeste des martyrs d’Abitina en 304, dans la réunion des évêques Numides à Cirta en 305, dans la correspondance du primat Secundus avec Mensurius.[61] A ces malentendus s’ajoutent de querelles de personne, des jalousies, des rancunes, les intrigues de Donat des cases noires, de Lucilla.[62] Tous ces malentendus et intrigues aboutissent à une rupture définitive, après l’élection de Caecilianus comme évêque de Carthage en 311.[63] Mais la rapide extension du Donatisme, et sa popularité est dû à des causes profondes :
-La première cause était dans l’organisation anormale de l’Église Africaine où les provinces ecclésiastiques n’eurent jamais unevéritable autonomie. De la cyrénaïque à la frontière de la tingitane tous dépendait de l’évêque de Carthage. [64]
– La seconde cause, liée à la première, était la rivalité traditionnelle entre le primat de Numidie et l’évêque de Carthage, les circonstances de l’élection de Caecilianus, en 311 fut brusquée, et en l’absence des Numides. [65]
– La dernière cause, est dans l’état social de l’Afrique, où la misère était grande depuis le milieu du IIIè siècle.[66]
A ces rivalités, à ces jalousies entre les évêques des diverses provinces Africaines, on doit ajouter d’autres causes, d’ordre psychologique, moral, ou même politique.[67]
C’est ainsi que l’histoire des rapports entre le christianisme et le pouvoir Romain à travers trois siècles, s’est caractérisé par des rancunes et des conflits violents. Le pouvoir séculier a usé par tous les moyens pour détruire l’église Donatiste, parce qu’il voyait en elle un facteur de destruction de l’empire Romain.
- Origines du conflit Donato-Catholique :
Après la déposition de Caecilianus, les intrigues et les complots ne cessent de s’accroîtrent. Un coup de théâtre venait changer les rapports du christianisme avec l’état : la victoire de Constantin,[68]bientôt suivie de l’édit de Milan en 313, qui assurait aux persécutés non seulement la pleine liberté de conscience et de culte, mais, déjà, la protection officielle de l’Etat.[69]
La fin de la persécution (édit de Licinius 311), contre les chrétiens, fût suivie d’un revirement inattendu dans la situation de l’Eglise. La conversion de Constantin qui embrassa leur religion et la déclara religion de l’empire, par un célèbre édit rendu à Milan en 313.Seul maître de l’empire, fit de l’ancienne église persécutée, la protégée, puis alliée de l’Etat. [70]
Depuis que Constantin a pris le pouvoir à Rome, sa vision a changé envers les chrétiens d’Afrique. Il commença à s’intéresser aux affaires et querelles du Maghreb antique. Il s’est manifesté par la nécessité de restituer et restaurer les biens de l’église Africaine, après les persécutions de Dioclétien. Voulant réparer les injustices du passé, il ordonna le proconsul Anulinus, durant la période 212-213, de restituer les immeubles confisqués de la communauté chrétienne.[71]
La situation s’aggrava au Maghreb antique, vers le temps de la mort de Constantin le 22 mai 337,[72]à l’époque de son fils Constantius,[73] qui croyait, après avoir pris des mesures rigoureuses contre les schismatiques, réussir là où son père a échoué. Il adressa une constitution impériale « aux africains » en 338,[74] dans le cadre de la bataille des pamphlets entre Catholiques et Donatistes. Il dut regretter son imprudence, en changeant sa politique, il essaya d’abord de la douceur, en envoyant en Afrique deux commissaires : Paulus et Macarius,[75] chargés de préparer l’union des deux églises, de ramener les sectaires, s’il se pouvait, par la persuasion, de distribuer des secours aux communautés, et probablement des cadeaux aux chefs influents du parti.[76]
Ces deux commissaires Paulus et Macarius sont célèbres dans l’histoire religieuse du Maghreb antique. Ce sont les fameux « artisans de l’unité », (operariiunitatis), Si souvent accusés, honnis, calomniés et maudits par des générations de Donatistes.[77]
Donatus primat de Carthage, et chef de l’église schismatique, les accueillit fort mal. Il leur fit une réponse très hautaine, et qui se résumait en cette formule menaçante : « Qu’a de commun l’empereur avec l’église ? ». Donatus dut parer aux effets de la corruption, il adressa une lettre circulaire aux communautés et fidèles schismatique en leur interdisant d’accepter des secours et des aumônes, et la tentative aboutit à un échec. [78]
Dans le camp Donatiste, personne n’aosé désobéir à Donatus. S’aperçurent vite qu’ils n’arriveraient à rien, s’ils n’étaient nettement autorisés à employer les violents moyens. Ils durent en référer à l’empereur, à qui Donatus, de son côté à écrivait une lettre d’injures.[79] C’est vers le milieu de l’année 347, que Constantiusse décida à promulguer un édit d’Union, ordonnant la fusion des deux églises rivales, c’est-à-dire la dissolution de toutes les communautés schismatiques, et l’attribution de toutes les Basiliques et autres biens à l’église Catholique.[80]
L’édit « d’Union » ou « d’unité » promulgué par Constantius en 347, ne remettait simplement en vigueur que la loi de son père Constantin de 316, qui n’était jamais abrogée, mais dont l’application avait été suspendue par l’édit de tolérance de 321.[81]
Dans la partie orientale du Maghreb antique, l’édit « d’Union » est exécuté en Proconsulaire, en Byzacèna, et en Tripolitaine sans trop de résistance.[82] Parce que, lesschismatiques étaient, probablement, moins nombreux ; ils n’y formaient pas de groupes compacts ; ou peut-être aussi avaient-ils perdu un peu de leur énergie farouche, pendant ces trente années de paix et de prospérité qu’a connu le Maghreb de 316 à 347.[83]
En contrepartie, de violents incidents entre les commissaires impériaux et les fidèles Donatistes, se sont produits à Carthage, où les dissidents étaient nombreux, vu que cette ville était la capitale officielle du parti, la résidence du chef de l’église dissidente, le lieu de réunion ordinaire des conciles, et le centre de l’action politique.[84]
Ces violents incidents remontent au 15 août 347, où on y affichait un édit proconsulaire, relatif à l’union des églises, probablement aux mesures prises par le consul, d’accord avec les commissaires, pour assurer l’exécution de l’édit impérial.[85]Un certain Maximianus ne put contenir son indignation, déchira l’affiche. Il fut arrêté par ordre du gouverneur, et mis à la torture. Un autre Donatiste, nommé Isaac, qui assister à la scène, injuria les catholiques ; il eut le même sort.[86]
Les deux fanatiques furent ensuite condamnés à l’exil. Isaac mourut en prison, le 15août, poussé, dit-on par les catholiques, le proconsul aurait fait jeter à la mer le mort et le vivant. Mais lamer était complice des Donatistes de Carthage ; ses flots ramenèrent au rivage les corps de leurs deux martyrs.[87]
En Numidie, l’édit de Constantius déchaîna une véritable guerre religieuse. Dans les régions de Thamugadi (Timgad), Theveste (Tébessa), et Bagai (près de Khenchela) le centre des dissidents, le Donatisme est devenu une religion nationale. Les communautés schismatiques y étaient plus nombreuses, et plus puissantes que les communautés Catholiques. La ville de Bagai était l’une des régions qui ont tenu tête aux commissaires impériaux. L’évêqueDonatusCasae Nigrae, un fanatique résolu à tout,organisa la défense à Bagai, et fit appel aux Circoncellions. Il rédigea une proclamation, qu’on criait dans les bourgs et les marchés de la Numidie, pour exhorter les vrais chrétiens à sauver leur église.[88]
Donatus fortifia sa ville, transforma sa basilique en grenier, y entassa des approvisionnements pour ses troupes de rencontre. En apprenant ces préparatifs de guerre, les commissaires impériaux n’hésitèrent pas à requérir l’appui de Sylvestre,[89]comte d’Afrique.[90]Une armée marcha contre les Circoncellions à Bagai, commandée, cette fois par un évêque. Aux environs de Bagai, une avant-garde fut maltraitée par un groupe de partisans Donatistes. Les officiers romains ne purent retenir leurs troupes qui attaquèrent, et massacrèrent un grand nombre d’habitants de la ville de Bagai.[91]Donatusde Bagai périt dans la bataille ; on l’honora comme martyr.[92]
Ala suite de ces incidents, un concile Donatiste se réunit en Numidie, en été de l’année 347, afin de protester contre les mesures de répression dirigée par Macarius, et d’aviser aux moyens de rétablir la paix et la sécurité dans la région. Le souvenir de cette intervention nous a été conservé par un écrivain de la secte Donatiste, qui dit : « un concile de nos évêques réunis, envoya une ambassade, auprès de Macarius, dix évêques éminents, choisis dans l’assemblée, les députés devaient porter à Macarius des avertissements salutaires, le détourner d’un si grand crime, ou du moins (ce qui arriva) se précipiter les premiers sur le champ de la bataille religieuse où luttait la loi. »[93]
Les dix députés Donatistes rencontrèrent le commissaire impérial à Vegesela,[94] et devaient protester contre la répression, et s’efforcer de rétablir la paix. Avant de lui exposer la situation, ils crurent nécessaire l’injurier. Ils parlèrent avec tant d’insolence, que Macariusne put contenir sa colère, il ordonna de les attacher à des colonnes et de les bâtonner.[95]La fustigation de ces évêques et ambassadeurs publiquement, dut soulever la population schismatique de la région. D’où des bagarres entre l’armée de Macarius et la foule, a provoquer des victimes, là périt le martyr Felicianus, dont on a retrouvé le reliquaire, et qui d’après l’inscription, parait avoir été tué à Vegesela la 29 juin 347. [96]
L’envoyé impérial remit en liberté neuf des évêques envoyés par le concile de Cirta, mais retint le dixième prisonnier, qui s’était signalé par son insolence, un certain Marculus. Il le traina dans plusieurs villes de Numidie, puis il l’a achevé. Suivant les Catholiques il s’est suicidé[97] en se précipitant du haut d’un rocher, près de Nova Petra[98], le 24 novembre347.[99]
Plus tard, Optat de Mileva signalé que les Donatistes ont affirmé que Marculus fut précipité vivant par les bourreaux de Macarius, et que son tombeau est devenu pour les schismatiques un lieu de pèlerinage très fréquenté.[100]
En réalité, l’édit de Constantius avait soulevé une grande partie de la population africaine –selon Augustin–, et avec la répression des « artisans de l’unité », beaucoup d’évêques et clercs ont pris la fuite de Carthage et de Numidie vers d’autres villes plus sécurisées.[101]
Les dissidents ont livré de vraies batailles avec l’armée des « artisans de l’unité », ce qui a leurs coûter des martyrs. Pour eux c’est les temps de Macarius, (Macariana tempora),[102]ou la persécution de Macarius (Macariana persecutio).[103]
Et pour qui les Catholiques, complices du bourreau, devinrent les (Macariani),[104]le parti de Macarius (Pars Macarii),[105] et l’Eglise de Macarius (Macariana Ecclesia).[106]
Pour compléter l’œuvre d’Union et de répression, on exila hors d’Afrique Donatus de Carthage et les principaux évêques schismatiques, comme on confisqua les basiliques au profit des Catholiques, c’était un triomphe pour eux.
Les Catholiques croyaient que le schisme était le châtiment du schisme, Dieu l’avait voulu. [107] Cette croyance à une intervention divine rendit confiance aux Catholiques, qui prirent l’offensive. Trois mois après le concile de Cabarsussa, un grand concile Catholique se réunit à Hippo-Régius, la ville d’Augustin le 8 octobre 393, sous la présidence d’Aurélius[108]de Carthage. Ce concile à contribuer à la réorganisation de l’Eglise africaine, et décida des réformes, et des canons qui visent directement la destruction du Donatisme, dont on peut citer :
1- Conserver la dignité des clercs Donatistes ralliés aux Catholiques.
2- L’ordination des convertis baptisés dans leur enfance par les dissidents, comme clercs. [109]
Il parait que ces canons étaient inspirés d’Augustin,[110]ou c’est le concile de Hippo-Régius qui lui suggéra l’idée de combattre le schisme, par tous les moyens afin de rétablir la paix religieuse et l’unité de l’Eglise Africaine.
Malgré la sentence du concile de Cabarsussa, la majorité des Donatistes se sont ralliés à Primianus, ses fidèles ont répondit à son appel quand–il les a convoqué en 394, afin d’assister au concile de Bagai[111]qui a regroupé toute les provinces Africaines (ConciliumPlenarium, Universale). Trois cent dix évêques répondirent à l’appel de Primianus le 24 avril 394, sous la présidence de Primianuslui –même. La sentence du concile était la suivante :
– L’excommunication de Maximianus et les douze évêques qui l’avaient ordonné.
– Menacer les autres Maximianistes du même châtiment qui n’auraient pas fait amende honorable dans un délai de huit mois.
Des lettres synodales ont été adressées à toutes les provinces Africaines menaçant toutes les sectes dissidentes de l’anathème Primianiste.[112]
Les deux camps ont demandé l’aide du pouvoirs éculier afin de restituer les biens de l’Eglise de leur adversaire. Les Primianistes ont usé parfois à la violence, pour restituer leurs biens des Maximianistes. Cette confrontation s’est terminée par la victoire des Primianistes en 397. Ils ont décidé enfin, d’abriter les évêques Maximianistes repentis au sein de l’Eglise Donatiste.[113]
C’est sans doute vers ce temps-là que les conciles donatistes, mentionné par Augustin, interdirent à leurs fidèles le martyre volontaire,[114] devenu un scandale pour les Donatistes par le nombre des victimes ou la mise en scène des suicides,[115] et de plus en plus à la mode chez les circoncellions, les fanatiques, ou les aventuriers du parti. Malgré la prohibition, l’épidémie des suicides dévots que jamais l’Afrique n’a vus aussi d’épouvantable ne put s’arrêter, pendant les vingt première années du Vè siècle. [116]
Il paraît que le Donatisme s’est propagé d’une façon prodigieuse, il a franchi les limites de la Numidie, pour atteindre la proconsulaire, Byzacène, la Tripolitaine, et les Maurétanies, il a profité des circonstances de cette période, et a pu tenir tête aux Catholiques.
III. Principales périodes du conflit Donato-Catholique :
Le conflit Donato-Catholique, a connu à travers son histoire quatre périodes, trois d’entre-elles pendant l’époque Romaine, il est affaibli à la fin de l’époque Vandale, avant de disparaitre pendant l’époque Byzantine à la fin du VIe siècle. On peut distinguer trois périodes pendant l’époque Romaine :
III. 1.Les prémices du conflit (305-316) :
Cette période débute de la tenue du concile de Cirta en 305, avant deux mois de l’abdication de l’empereur Dioclétien, jusqu’à 316 date de la condamnation de l’Eglise Donatiste par l’empereur Constantin.[117]
Cette période a connu une escalade accrue des persécutions, ce qui a poussé quelques évêques à l’apostasie et être traditeurs, d’avoir obéi aux édits impériaux de remettre au pouvoir séculier et ensuite brûler les écritures et les livres sacrés.
Le protocole de Cirta (Concili Cirtensis) a marqué la rupture entre ceux qui ont résisté (Eglise Donatiste) et ceux qui ont trahis leur foi (Eglise Catholique) et ont livré les écritures aux persécuteurs. Le protocole de Cirta, fut le début de la tenue d’une série de conciles entre les deux Eglises Donatiste et Catholique.
Les persécutions d’Abitina en 304, avaient produit un état de malaise et de mécontentement général auprès de la population du Maghreb antique. Le manifeste des martyrs d’Abitina (actmartyrum) est devenu en quelque sorte une charte religieuse et sociale. [118]A la mémoire de ces martyrs des stèles ont été dressé à travers diverses villes du Maghreb antique.[119]
III. 2. Période de la persécution et de répression (317-392) :
Cette période a connu un mouvement très actif, dans l’histoire du conflit entre les deux églises, l’Eglise Donatiste d’un côté, et l’Eglise Catholique soutenu par le pouvoir séculier d’autre part. Cette période débute de la première persécution en 317 à l’époque de Constantin jusqu’en 392 date où saint Augustin est entré en lice, et mène le combat décisif sur le plan théologique, en affrontant l’Eglise Donatiste à la tête de l’épiscopat de Hippo-Régius (Annaba).
Cette période est marquée par des évènements importants tels que : la promulgation de l’édit de tolérance en 321,[120] et l’édit d’Unionde l’empereur Constantius en 347, et la riposte violente de l’empereur Julien l’apostat en 367, Suivi d’un nombre d’édits visant la destruction de l’Eglise schismatique en 373.
A la suite de la condamnation des détracteurs de Caecilianus qui ne fit que surexciter les mécontents, et après quelques troubles qu’a connu la Numidie, Constantin fut contraint d’user de rigueur, il se décida à promulguer une loi qui prononçait confiscation, au profit du fisc, des basiliques et de tous les lieus où les dissidents tenaient leurs assemblées.[121]L’empereur à ordonner ses commissaires sur la nécessité de veiller à la pratique de la loi avec rigueur. Le pouvoir séculier à l’aide des clercs de l’Eglise officielle ont empêché les Donatistes d’entrer ou de se réfugier dans les églises.[122]Les Donatistes n’ont qu’à riposter à la loi de 317 de Constantin, des affrontassions sanglantes se sont produit dans diverses églises à Carthage, beaucoup de sectaires furent massacrés, on les ensevelit dans des basiliques où ils avaient succombé.[123]
Il parait que Constantin était contraint de suivre une politique répressive, après sa victoire sur son ennemi Maxentius. Caecilianus était le seul au Maghreb antique d’avoir tiré profit de cette politique. Ce qui a poussé l’évêque de Carthage à prendre des mesures envers l’Eglise schismatique, et la condamnation du Donatisme.
III. 3. Augustin et la proscription du Donatisme(392-411) :
L’Eglise schismatique est restée solide, unifiée pendant plus de quatre-vingt ans, elle sut tenir tête à l’Eglise Catholique, considéré comme église officielle soutenu par le pouvoir Romain. Elle a pu mettre la politique de ce pouvoir hors état de nuire, depuis l’élection de l’évêque Majorinus à la tête de l’Eglise de Carthage en 312, après la mort de Mensurius en 311, jusqu’en 392, où le Maghreb antique a connu deux importants évènements : le premier est la mort des chefs et protagonistes
des deux églises, Genethlius[124] évêque de l’Eglise Catholique de Carthage, qui fut remplacé par Aurelius, et la mort de Parmenianus le plus réputé des évêques et chefs de l’Eglise Donatiste, qui avait reconstitué l’Eglise schismatique, et lui rendit toute sa puissance, et qui présida pendant trente ans à ses destinées.[125]Le deuxième évènement est l’ordination de Saint-Augustin à la tête de l’épiscopat de Hippo-Regius (Annaba), [126]qui a joué un rôle primordial en infiltrant le schisme au sein de l’Eglise Donatiste, et en employant tous les moyens, y compris la légitimité de la violence, afin de réintégrer les dissidents au sein de l’Eglise Catholique.[127]
Dans sa campagne contre les Donatistes, et dans le cadre de la polémique entre les deux églises, Saint-Augustin multiplia les discours et les écrits, et fut amené par les nécessités de la lutte, à préciser l’essence de l’Eglise, et à formuler un principe redoutable, la nécessité d’une « utile terreur » exercée par les pouvoir publics pour ramener les hérétiques à l’orthodoxie (l’Eglise Catholique), au nom du christ : « forcez–les à entrer » (Compelle Intrare). Il légitima la coercition de l’état.[128]
Après la mort de Parmenianus chef du Donatisme en 392, les Donatistes ont élu Primianus[129] à sa place.[130]Mais le nouveau primat des Numides n’avait pas été long à semer autour de lui l’inquiétude et la défiance. Dès les premiers mois de son épiscopat, par sa politique incohérente, faite de maladresse, de tyrannie, et de partialité. C’est ainsi que, Primianus fut condamné définitivement par le concile de Cabarsussa en Byzacène en 393. Il a était dépouillé de l’épiscopat et excommunié à raison d’un grand nombre de fautes qui lui furent reprochées et qui se trouvent rapportées, comme motifs de la sentence prononcée contre lui, cette condamnation fut prononcée le 24 juin 393.Après la déposition de Primianus, on élut à sa place son ennemi Maximianus, et fut ordonné à Carthage par douze évêques.[131]Désormais, l’église de Carthage a trois évêques, dans toute la moitie orientale de l’Afrique Donatiste, une église Maximianiste s’organisa en face d’une église Primianiste.
Jusque–là, rien n’a changé la politique impériale envers les dissidents. On peut même conclure que, de 392 à 405, l’autorité civile laissa les deux églises rivales vider leur querelle ente elles dans le champ des africains.
C’est seulement en 405, que l’empereur Honorius prendra nettement position contre le Donatisme, en proclamant l’assimilation des schismatiques aux hérétiques, et en promulguant un nouveau édit d’union le 12 février 405.
Les évêques Catholiques se décidèrent à en finir avec les dissidents, en assurant le succès par l’intervention du pouvoir séculier. C’est pourquoi, ils ont tenu un concile à Carthage en 410, en envoyant une ambassade à l’empereur pour lui exposer la situation, demander l’abrogation de l’édit de tolérance, et la convocation d’une conférence générale entre les deux partis. [132] C’est ainsi que Honorius, par une constitution datée du 25 aout 410, annula son précédent édit, en même temps il accepta le projet de conférence. Il chargea le 14 octobre 410 un commissaire spécial, Marcellinus, sénateur, tribun et notaire impérial, de se rendre à Carthage, d’y convoquer la conférence, d’en présider les débats, afin de rétablir l’unité religieuse en Afrique.[133] C’est un moment solennel, une époque, dans l’histoire de l’Afrique chrétienne, de la conférence de Carthage allait sortir la condamnation définitive du schisme Donatiste.
Les débats ont eu lieu le 1 juin 411, et ont duré 8 jours, dans un vaste et luxueux édifice de Carthage, les Thermae Gargilianae. [134] Les deux partis étaient à peu près d’égale force. 286 évêques Catholiques sont présents, 120 absents, 64 sièges vacants ; du côté des Donatistes, 279 évêques présents, à peu près autant d’absents et de sièges vacants que pour les Catholiques. C’est la troisième séance du 8 juin qui décida du sort des schismatiques, la sentence est proclamée : le Donatisme est proscrit officiellement.[135]
Conclusion :
Cette étude a aboutit à un ensemble de résultats et recommandations qu’on peut résumer ci-après :
Il parait que l’invasion du Maghreb antique par les Vandales[136], a contribué d’une façon indirecte, à sauvegarder ce qui restait du Donatisme.
- Cette invasion Vandale a dû affaiblir le pouvoir Romain, qui était le plus grand ennemi du schisme Donatiste, ce pouvoir qui commence à perdre ces provinces africaines, l’une après l’autre d’une part, et les persécutions vandales qui ont atteint l’Eglise Catholique d’autre part.
- On peut conclure de ce raccourci historique que le Donatisme se présente comme une attitude schismatique et une forme d’hérésie au Maghreb antique, par des divergences doctrinales profondes dans les domaines ecclésiologiques et sacramentaires.
- Mais il s’ajoute à cela un refus d’une nouvelle attitude de l’Église catholique face au pouvoir romain, à la faveur de la paix constantinienne.
- Malgré la proscription du Donatisme, et jusqu’à la fin du VIe siècle, il subsistera des communautés Donatistes, ou ces communautés n’ont jamais été dissoutes, ou elles seront reconstituées après la tourmente, malgré l’appui du pouvoir séculier.
Bibliographie :
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[1]-Papier, A., Hammam Meskhoutine (Aquae Tibilitanae), Bulletin de l’académie d’Hippone, n° 14, 1879, p.109.
[2]-Monceaux, P. Histoire Littéraire de l’Afrique, vol. IV, p.193.
[3]-Duchesne, L., le dossier du donatisme, t. X, p. 589-650
[4]-Ces documents en effet, visent à réduire les origines du Donatisme à de simples querelles de personnes dues à la mauvaise conscience d’évêques de Numidie. Les historiens du Donatisme ont accepté cette optique jusqu’à P. Monceaux, H.L.A.C., 1902 ; Mais Ch.A.Julien a eu le mérite de chercher à remédier à cette insuffisance et de percevoir dans la passion des martyrs d’Abitina d’où naquit le Donatisme. Ch.A.Julien, Histoire de l’Afrique du nord, t. I, p. 215.
[5]-Duchesne, L., « le Dossier du Donatisme », vol. X, p. 589- 650.
[6]-Ibid., p. 627,649.
[7]-Sanctus Optatus Milevitanus, (320-385), né en Afrique, évêque de Milev (Mila actuellement), Apologiste de l’église Catholique, contre les Donatistes, à partir de son ouvrage illustre «De Schismate Donatistarum » – du schisme donatiste. Bouillet, M.N., Dictionnaire Universel, p.1383.
[8]-Parmenianus, 2è évêque Donatiste, successeur de Donat le Grand à la tête de l’église Donatiste et l’épiscopat de Carthage (355-392), il a écrit «Adversus Ecclésiam Traditorum», contre l’église des traditeurs. Monceaux, P., Histoire Littéraire de l’Afrique, vol. IV, p.241-263.
[9]-Tillemont, Mémoires sur l’histoire ecclésiastique, t.VI, p. 1-193.
[10]-Duchesne, L., « le dossier du donatisme », t. 10, 1890, p. 589-650 ; Pallu de lessert, Fastes des provinces Africaines sous la domination romaine, t. 2, Paris, 1901 ; Boissier, G., la fin du Paganisme, t. I, Paris, 1891, p. 82; Cagnat R., l’Armée Romaine d’Afrique, E. Leroux, Paris, 1913, p. 66 ; Gsell, S., Fouilles de Benian, (Ala-Miliaria), Paris, 1899, p. 20 ; L’Algérie dans l’antiquité, Adolphe Jourdan, Alger, 1903, p. 65 ; les Monuments Antiques de l’Algérie. T.II, Paris, 1901, p. 175 ; Audollent, A., Carthage Romaine, Paris, 1901, p. 505 ; Martroye, F., « une tentative de révolution, sociale en Afrique, Donatistes et circoncellions », R.Q.H., t.32, Paris, 1904, p.353-416.
[11]-Duchesne L., « le dossier du donatisme », Mélanges d’archéologie et d’histoire t. 10, 1890, Pallu de lessert, Fastes des provinces Africaines, t. 2, Paris, 1901.
[12]-Surtout les Fouilles d’Ala-Miliaria, dans la province d’Oran, (cf. Gsell, S., Fouilles de Bénian, Paris, 1899 ; et les découvertes du Cdt. Guénin commandant du cercle de Tébessa en 1908, dans la région de Henchir el- Abiod 15 km à l’ouest de Chréa (Tébessa) ; cf. Leschi, L., Recherches épigraphiques dans le pays des Nememchas, Rev.Afri., n° 72,1931, p.262-293.
[13]-Optat de Milev, de schismate donatistarum, édition C. Ziwsa, C.S.E.L., t. XXVI, Vienne, 1893 ; et les traités Anti-donatistes d’Augustin édition de Vienne et de Leipzig, 1908-1910, vol. XXVI et LI- LIII.
[14]-Monceaux, P.,Les ouvrages de Gaudentius, p. 314 ; Monceaux, P., Enquête sur l’épigraphie chrétienne d’Afrique, C.R.A.I., 1907 ; Monceaux, P., Revue de philologie, 1909, p.112.
[15]-Honorius Flavius, (384-423), empereur d’Occident (395-423), fils de Theodosius I (379-395), n’avait que 9 ans quand son père mourut, il partagea l’empire avec son frère Arcadius empereur d’Orient, Bouillet, M.N., Dictionnaire Universel, p.890.
[16]-Lapsi, du verbe latin : Labor, Lapsus Sum, qui veut dire : ceux qui tombent ou trébuchent, Gaffiot, F, Dictionnaire Abrégé Latin Français,p. 353, 357.
[17]-Optat, St., I, 13- 14, d’après Monceaux, P., H.L.A.C., IV, p. 13.
[18]-Les donatistes ont affirmé lors de la tenue de la conférence de Carthage en 411 qu’il s’agit de deux Donat : Donatus Casae Nigrae de Bagai en Numidie, et Donatus le grand dit « leCarthaginois », mort en 355 ;Martroye, F.,une tentative de révolution sociale , p. 368; d’autres historiens se contentent sur une seule personne, Monceaux, P., « les premiers temps du donatisme et la Question des deux Donat », p.50 ;Brisson, J.P., Autonomisme et christianisme,p. 237.
[19]-Optat, St., I, 13- 14.
[20]-Majorinus : évêque Donatiste, orateur réputé, élu évêque de Carthage après la déposition de Caecilianus, n’est plus mentionné par Optat après sa consécration en 312, tandis qu’Augustin affirme qu’il vivait encore au printemps de 313, lors de la requête adressée à Constantin le 15 Avril, par les évêques dissidents. Optat, St., I, 19 ; Augustin, St., Epist. 43, 5, 16 ; Jacques-Paul, D., Pluquet, l’abbé J. C.,Dictionnaire des Hérésies, t. I, Paris, 1847, p. 648.
[21]– Optat, St., I, 15.
[22]– Abitina / Avitina / Abithina, petite localité dans le bassin du fleuve Bagradas (Medjerda actuellement), ruines de chahoud el Batel, près de Mejaz el Bab en Tunisie. Beschaouch, A., « Sur la localisation d’Abitina… », C.R.A.I., 1976, p. 255- 266.
[23]– Silvanus, élu évêque de Cirta, il était l’un des évêques numides qui ont demandé l’abrogation de la consécration de Caecilianus,Monceaux, P., H.L.A.C., IV, p. 13, 28.
[24]– Mensurius, évêque de Carthage au début du 4è siècle, il a été mentionné par Optat et Augustin, Maxentius l’a accusé d’avoir livré les écritures et les livres saints aux magistrats et le clerc Félix au pouvoir séculier. Toulotte, Mgr., Géographie de l’Afrique Chrétienne, Paris, 1892, p. 84.
[25]– Optat, St., I, 13- 14.
[26]-Brisson, J.P., Autonomisme et christianisme, p.70-71.
[27]-Monceaux, P.,H.L.A.C., V, p. 10.
[28] -Traditores, du verbe latin : Trado (Transdo), didi, ditum, ere, qui veut dire : action de remettre, de transmettre, livraison, c’est à dire action de livrer les écritures et les livres saints sous la menace au pouvoir romain persécuteur (l’autorité civile), pour qu’ils soient brûlés. FélixGaffiot, Dictionnaire Abrégé Latin Français, Hachette, Paris, 1936, p. 657.
[29]-Ces persécutions étaient aussi la cause de divergences entre les chrétiens lors des persécutions de Décius (249-250). Warmington, B.H., the North African provinces from Dioclétian to the Vandal conquest, Cambridge, 1954, p.78.
[30]– Les Donatistes ont considéré cette proclamation comme une loi, et ils l’ont mentionné à la conférence de Carthage en 411, après plus d’un siècle des persécutions de Dioclétien.Julien, Ch.A., Histoire de l’Afrique du nord, p. 209.
[31]– Monceaux, P., H.L.A.C., IV, p. 12- 13, V, p. 4.
[32]-Allard, P., la persécution de Dioclétien, t. I, p.261-273.
[33]– Monceaux, P., H.L.A.C., IV, p. 13.
[34]– Papier, A., Hammam Meskhoutine (Aquae Tibilitanae), p.109.
[35]– Optat, St., I, 13- 14.
[36]– Augustin, St.,Contra Cresconium, III, 27- 30.
[37]– Monceaux, P.,H.L.A.C., IV, p. 13- 14.
[38]– Monceaux, P., H.L.A.C., IV, p. 17.
[39]– Monceaux, P.,H.L.A.C., IV, p. 14.
[40]– Lucilla, femme Carthaginoise d’origine espagnole selon Optat de Milev, elle était en litige avec Caecelianus à cause d’une réprimande que celui-ci avait eu à lui adresser alors qu’il était encore diacre, de ne point adorer un os qu’elle croyait à un martyr. Monceaux, P., H.L.A.C., IV, p. 15- 16.
[41]-Abthugni, Abthungi, vestiges d’une ancienne chapelle, petite localité près de Carthage, aujourd’hui Hr.Es-Souar, au sud de Zaghouan en Tunisie.Mesnage, J.P., l’Afrique chrétienne, Ruines Antiques et évêchés, Paris, 1912, p.277 ; Babelon, M., A.A.T., Paris, 1893, I, 42, 52.
[42]-Jacques-Paul, D., Pluquet, l’abbé, Dictionnaire des Hérésies, des erreurs et schismes, t. I., Ateliers catholiques, Paris, 1847, p. 646- 647.
[43]Mourre, M., Dictionnaire encyclopédique d’histoire, Bordas, 1978, p.1408.
[44]-Optat, St., I, 19.
[45]-Brisson, J.P.,Autonomisme et christianisme, p. 126-127 ; Raynal, D., Culte des martyres et propagande Donatiste à Upenna, C.T., t. XXI, n° 81- 82, 1973, p. 46- 47.
[46]– Augustin, St., Epist. 43, 2, 4.
[47]– Augustin, St.,Contra Epistulam Parmeniani, 43, 6, 17; Contra Cresconium, III, 28-29.
[48]– Martroye, F., une tentative de révolution, sociale, t. 32, p. 361. .
[49]– Augustin, St.,Epist. 43, 5, 16; 88, 1-2; 93,4, 13.
[50]– Optat, St.,III, 3.
[51]– Augustin, St.,Epist. 88, 2.
[52]– Optat, St., I, 22; III, 3.
[53]– Augustin, St.,Cont. Epist. Parmen., III, 4, 24 ; Contra Cresconium, II, 1, 2 ; IV, 6,7.
[54]– Maier, J.L., l’épiscopat de l’Afrique Romaine, p. 95, 453. .
[55]– Lancel, S., Actes de la Conférence de Carthage, p. 9- 25.
[56]– Augustin, St.,Brevic. Collat., III, 2, 2; 3, 3; 4, 4-5.
[57]– Cod.Theod., XVI, 5, 51.
[58]-Cod.Theod., XVI, 11, 3;Augustin (St.),Brevic. Collat., I, 1 ; III, 2, 2.
[59]-Parmi les polémistes qui ont un impact sur la pensée chrétienne، Tyconius un donatiste très distingue d’esprit indépendant، s’est séparé des donatistes sans se rallier aux catholiques، il avait un effet remarquable sur St. Augustin. Congar (Y.), Note complémentaire n° 10, « Parmenianus et Tyconius », B.A., 28, p. 718- 721.
[60]-Congar (Y.M.J.), B.A., 28, p. 80- 124 ; Brisson (J.P.), Autonomisme et christianisme, p. 84.
[61]-Optat(St.),I, 13-16 ; Augustin (St.),Contra Cresconium, III, 27-30.
[62]-Optat(St.),I, 16-18 ; Augustin (St.),Contra Cresconium, II, 1, 2 ; Epist. 43, 6, 17.
[63]-Optat(St.),I, 19-20 ; Augustin (St.),Contra Cresconium, III, 28, 32 ; Epist. 43, 2, 3.
[64]-Monceaux (P.), H.L.A.C., IV, p. 164.
[65]-Augustin (St.),Cont. Epist. Parmen., I, 10, 16.
[66]– Toutain (J.), les cités Romaines de la Tunisie, Paris, 1895, p. 362.
[67]-St. Cyprien, Epist., 69-74.
[68]-Constantin Ier, (288-337), dit “le Grand”(Caius Flavius Constantinus), Empereur Romain, (306 – 337),fils de Constance Chlore et de sa concubine Hélène, il servit sous Dioclétien et à la mort de son père en 306, fut proclamé Auguste par l’armée de la grande Bretagne à York. Cessa la persécution contre les chrétiens et embrassa leur religion et la déclara religion de l’empire, par un célèbre édit rendu à Milan en 313. Claude Augé, Dictionnaire Universel Encyclopédique, t. III, Paris, Larousse, s.d. p.218 ; Bouillet (M.N.), (1878), Dictionnaire Universel d’Histoire et de Géographie, p. 452.
[69]-Lactantius، De Mortibus Persecutorum، in R.Q.H.، t. LXXIV, 1903, 44, 48; Eusèbe،de Césarée، Histoire ecclésiastique, Trad. Par cousin, t. I, Paris, 1687, X, 5, 2.
[70]-Meslin (M.), Hadot (P.),«À propos du donatisme», A.S.S.R., n° 4, 1957, p.143.
[71]– Eusèbe, Hist. Eccl., X, 5 ; 15- 17.
[72]-Martroye (F.),la répression du Donatisme et la politique religieuse de Constantin et de ses successeurs en Afrique, M.S.N.A.F., 1914, p. 392.
[73]– Constance II, (Flavius Julius Constantius), (317-361), empereur Romain, (337 – 361),2è fils de Constantin, lui succéda en 337, et partagea l’empire avec ses frères Constantin II et Constant, et eut en partage l’orient et la Grèce, il était tellement odieux que ces troupes proclamèrent Julien a sa place, il marchait contre lui et mourut en route en 361. Dict. Univ. Hist. Géo., p. 451.
[74]-Cod. Theod., IX, 34, 5.
[75]-Ce sontdeux commissaires impériaux envoyés par Constantius en Numidie en 347, chargés de distribuer des secours et aumônes aux communautés Catholique et Donatiste, afin de rétablir l’unité religieuse catholique. Monceaux (P.), H.L.A.C., IV, p. 34.
[76]-Optat (St.), III, 3-4 ; Brisson (J.P.), Autonomisme et christianisme, p. 292.
[77]-Optat (St.), I, 6-7 ; III, 4-6.
[78]-Optat (St.), III, 3 ; Julien (Ch.A.), Histoire de l’Afrique du nord, Alger, 1978, p. 217.
[79]-Optat (St.), III, 3.
[80]-Augustin (St.), Psalmus Contra Partem Donati, 145; Epist., 105, 2, 9.
[81]-Cod. Theod., XVI, 6, 2.
[82]-Optat (St.), III, 4.
[83]-Optat (St.), III, 1.
[84]-Monceaux (P.), H.L.A.C., IV, p. 125.
[85]-Passio Maximiani et Isaac، p. 768, d’après Monceaux (P.), H.L.A.C., IV, p. 35.
[86]-Passio Maximiani et Isaac, p. 769-770.
[87]-Passio Maximiani et Isaac, p. 770-774.
[88]-Pallu de Lessert, Fastes des provinces Africaines sous la domination Romaine, t. 2, Paris, 1901, p. 243.
[89]-Sylvestre, né à Rome, Pape de 314 à 336, jouit de la faveur de Constantin, il a vécu la fin des persécutions, par la tenue du 1er concile œcuménique qui s’est tenu à Nicée en 325, et par la naissance de l’hérésie des donatistes qu’il condamna. Dict. Univ. Hist. Géo., p. 1827.
[90]-Petit (P.), Histoire Générale de l’empire Romain, t. I, le Haut- Empire (27 av. J.C.- 161 ap. J.C.), Paris, 1974, p.73-74.
[91]– Optat (St.), III, 4.
[92]– Optat (St.), III, 6; Augustin (St.), Contra. Litter. Petil., II, 20, 46
[93]-Passio Marculi, p. 761 ; d’après Monceaux (P.), H. L .A. C., IV, p. 335- 336.
[94]– Vegesela, Ksar el-Kelb, au nord de l’Aurès entre Theveste et Mascula (Khenchela). Cayrel (P.), « une basilique donatiste de Numidie », M.E.F.R., LI, 1934, p.114 ; Duval (N.), une nouvelle édition du « dossier du Donatisme », R.E.A., n°35, 1989, pp.171-179, (p.174).
[95]– Monceaux (P.), H. L .A. C., IV, p. 37.
[96]– Birebent (J.), Aquae Romanae, service des antiquités de l’Algérie, 1961, p. 364-365 ; Gsell (S.), Notes d’archéologie Algérienne, B.C.T.H., 1899, p. 455 ; Id., A.A.A., f. 28, n° 171.
[97]– le tombeau du martyr Marculus à Vegesela, est devenu plus tard pour les schismatiques un lieu de pèlerinage. Augustin (St.), Contra. Litter. Petil., II, XX, 46 ; Courcelle (P.), « une seconde campagne de fouilles à Ksar El Kelb », M.E.F.R., 1936, pp. 166- 197.
[98]– Nova Petra, le mot signifie « nouveau rocher », région indiqué par l’itinéraire d’antonin à 20 km de Diana Veteranorum (Zana) au nordde Batnaet à 22 km de Gemellae (el-Gosbat), devenu ville sainte des Donatistes après l’assassinat de Marculus. Tissot (Ch.), Géographie Comparée de la province Romaine d’Afrique, II, Paris, 1888, p. 509 ; Gsell (S.), A.A.A., f.27, n° 3, 62 ; Ragot (W.), «le Sahara de la province de Constantine », R.S.A.C., XVI, 1874, p. 228.
[99]– Julien (Ch.A.), Op.cit., p. 217.
[100]– Optat (St.), III, 6; Augustin (St.), Cont. Litter. Petil, II, 20, 46.
[101]-Augustin (St.), Lettres, LXXXVIII; Julien (Ch. A.), Op.cit. p.217.
[102]-Optat (St.), III, 1.
[103]-Augustin (St.), Epist. 44, 3, 5.
[104]-Augustin (St.), Epist. 87, 10.
[105]– Augustin (St.), Contra. Litter. Petil., II, 39, 92-94.
[106]-Augustin (St.), Epist. 49, 3.
[107]– Augustin (St.), Epist., XLIII, 9, 26.
[108]– Aurélius،évêque Catholique، il présida le concile d’Hippo-Regiusen 393, le premier des vingt concile qu’il a tenus. Il eut pour adversaire Primianus. Mesnage (J.P.), l’Afrique chrétienne…, p.5.
[109]-Monceaux (P.) ,H.L.A.C.، IV, p. 60.
[110]– Augustin à cette époque n’était qu’un simple (Presbyter) prêtre، quand – il présida le concile de Hippo-Regius en 393, et commença sa campagne contre le Donatisme, à travers son célèbre livre « Psalmus Contra Partem Donati », qui est destiné à être chanté à l’Eglise pour l’instruction des fidèles. Monceaux (P.), H.L.A.C., IV, p. 61.
[111]– Bagai (Ksar), située à 12 km au nord-ouest de Khenchela, mentionnée comme évêque au concile de Carthage en 256, était commune Romaine (Municipium Romanum) dans la 2è moitié du 2è siècle. Bagai n’est mentionnée ni par l’itinéraire d’Antonin, ni par la table de Peutinger. Elle était le foyer du Donatisme. Mesnage (J.P.), l’Afrique chrétienne, p. 253.
[112]Augustin St., Epist., LI, 2; Cont. Epist. Parmen., I, 11, 18; Brisson, J.P., Autonomisme et christianisme, p.226.
[113]-Augustin (St.), Contra Epistulam Parmen, I, 10-13; Monceaux (P.), H.L.A.C.، IV., p. 130 ; Brisson (J.P.), Autonomisme et christianisme, p. 229- 230.
[114]– Augustin (St.), Contra Cresc., III, 49, 54.
[115]– les Donatistes se suicidaient par divers formes -selon Augustin- : se bruler vif, se noyer, ou se précipiter dans les gouffres. Augustin (St.), Contra Litter. Petil., II ; XLIX, 114 ; 32 ; XXXI, 37 ; Brisson (J.P.), Autonomisme et christianisme, p. 351.
[116]– Monceaux (P.), H.L.A.C., IV, p. 365.
[117]-Martroye (F.), « une tentative de révolution, sociale en Afrique, Donatistes et Circoncellions », R.Q.H., T.32, 1904, p.354.
[118]– Monceaux (P.), H.L.A.C., V, p. 4.
[119]– Audollent (A.), « Mission Epigraphique en Algérie », M.E.F.R.A., 1890, p. 526.
[120]-Cod. Theod. XVI, 6, 2.
[121]– Augustin (St.), Contra. Litter. Petil., 92.
[122]– Martroye (F.), une tentative de révolution sociale, p. 387- 388.
[123]– Monceaux (P.), H.L.A.C., IV, p. 469.
[124]– Genethlius, Evêque Catholique de l’église de Carthage en 390, il a présidé cette même année un concile à Carthage dont nous avons les actes, puis un autre concile à Hippo- Regius le 8 octobre 393, il est appelé par St. Augustin, il eut pour successeur en 392, mort en 392, il a était succédé par Aurélius. Mesnage (J.P.), l’Afrique Chrétienne…, p. 5.
[125]-Monceaux (P.), H.L.A.C., IV, p.337.
[126]– Augustin (St.), Epist., XLIV. 5, 12; XXII.
[127]– Monceaux (P.), H.L.A.C., IV, p.22-23 ; Claude Lepeley, Primauté Romaine et Autonomie Africaine au Vè S., C.T., n° 5-6, 1967, p. 194.
[128]-Julien (Ch.A.), Op.cit., pp. 226- 227.
[129]-Primianus، Evêque Donatiste، il fut le successeur de Parmenianus vers 392, et le dernier chef de la secte.Augustin (St.), Cont. Epist. Parmen., II, 42 ; III, 11 ;Mesnage (J.P.), l’Afrique Chrétienne…, pp. 5, 202.
[130]– Monceaux (P.), H.L.A.C., t.V, p. 224 ; t VI., p. 111.
[131]-Augustin (St.), Contra Cresconium, IV, 6, 7.
[132]-Augustin (St.), Brevic. Collat., III, 2, 2; 3, 3; 4, 4-5.
[133]-Cod.Theod. XVI, 11, 3 ;Augustin (St.),Brevic. Collat., I, 1; III, 2, 2.
[134]-Augustin (St.),Brevic. Collat., I, 14.
[135]– Collat. Carthag., III, 1.
[136]– Vandale, (Vandali), dérivé du nom d’un village suédois en Obland (Vendel- Wendes), peuple germanique établi au sud de la Baltique au 1er S.ap.J.C. Il est partagé en deux grandes tribus, les Silings et les Hastings. Ils conquirent la Gaule au Vè S. (407), puis l’Espagne en 409. Ils s’embarquèrent en Afrique en 429 avec leur chef Genséric (428-477) sous la pression des Wisigoths, et arrivèrent à Carthage en 439. Converti à l’arianisme ils persécutent toutes les autres sectes (Catholiques- Donatistes). Justinien ordonne Bélisaire de débarquer en 533 à Carthage, et mets fin à leur empire en Afrique.Evagre, Histoire Ecclésiastique, trad. M. Cousin, Paris, 1686, IV, 16 ; Courtois (Chr.), les Vandales et l’Afrique, Paris, 1955, pp.15-19.